Vous ne pourrez pas dire aux Terrians qu’ils sont religieux. C’est un terme qu’ils réfutent, parce que les êtres humains ont une haute opinion d’eux-mêmes, et se pensent déliés des lois et des dieux. Ce faisant, la religion à Terra en tant que concept assumé et explicite n’est pas quelque chose de répandu, et peu reconnaîtront qu’ils sont bel et bien des croyants au sens premier du terme.
Il existe pourtant un fait religieux à Terra, qui s’est formé des suites de l’arrivée des premiers colons sur la planète en PA -68.
Ce fait religieux n’a plus rien à voir avec ce qu’il pouvait être sur leur ancienne planète, parce que les siècles de dérive dans l’univers leur ont fait oublier peu à peu les dieux auxquels ils croyaient.
Les Hommes sont donc désormais partagés entre athéisme, agnosticisme, scientisme, et cultisme lunaire.
1. L’athéisme.
L’athéisme n’est pas particulièrement répandu à Terra, pourtant, une large majorité de la population s’en revendique. Les Terrians sont convaincus de ne pas croire en une forme de divinité, et ils rejettent l’idée selon laquelle, des lois supérieures doivent concourir à leur comportement.
Il existe peu d’authentiques athées, parce qu’en dépit de tout ce qu’ils affirment, les Terrians sont empreints de religiosité dans leur rapport à la science. Il est donc coutumier d’affirmer que l’on est athée, alors qu’en vérité, on fait preuve de scientisme. C’est une caractéristique du peuple Terrian.
Selon l’agence de statistiques de la capitale d’Ys, 91% de la population est athée, en vérité ce chiffre est largement exagérée.
2. L’agnosticisme.
L’agnosticisme est le terme générique qui recouvre le courant religieux minoritaire et alternatif au scientisme.
Il s’est formé à partir des monothéismes de la terre, qui ont peu à peu disparu au cours de la dérive spatiale, pour en arriver à une vague croyance à l’existence d’une force surnaturelle, capable de conjuguer et monitorer le destin des Hommes.
Cette religion n’est pas particulièrement développée à Terra. Elle reprend la théologie selon laquelle la vie dans l’univers est une chose tellement exceptionnelle, qu’elle ne peut être que le fait d’une force qui nous dépasse. Le mot « Christ » en ce sens, n’est plus rattaché au catholicisme, mais est utilisé pour désigner cette croyance en une forme supérieure. C’est un synonyme de Dieu.
La vénération de ce culte peut prendre diverses formes. Le gouvernement fédéral de Terra est attentif aux dérives sectaires qui peuvent en aboutir. L’agnosticisme est gangréné par les gourous et autres organismes fanatiques qui sont considérés comme terroristes aux yeux de la Fédération.
La croyance en une forme de vie supérieure est vue comme un acte de faiblesse par la société, et elle est à ce titre vivement critiquée et condamnée dès qu’elle s’exprime trop dans l’espace public.
Les agnostiques vivent donc leur foi en secret. Ils construisent leur propre culte, et leur propre regard sur la spiritualité, parce qu’il n’existe quasiment plus rien des religions du Livre, sinon la sagesse populaire et les histoires mythologiques que les écrivains ont tenté de maintenir. Les Terrians ont perdu Dieu, et ceux qui restent à ses côtés sont une minorité.
Ceux qui se revendiquent agnostique, selon l’agence de statistiques de la capitale d’Ys, sont 7%. Cependant, elles ne prennent pas en compte les statistiques du Réservoir, peu étudiées.
L’agnosticisme est historiquement la religion la plus ancienne de Terra, parce qu’elle s’est formée dès le débarquement de la flotte HCC In God We Trust en PA -68, alors que le scientisme n’est apparu qu’à partir du Premier Accord, en l’an 0 — toutefois, les germes de son existence se trouvaient là depuis des siècles.
L’agnosticisme est particulièrement implanté dans le Réservoir, où il vient comme un palliatif au sous-développement de la population présente là-bas.
3. Le scientisme.
Le scientisme désigne avant tout un comportement, et non une religion officielle qui se revendique comme un culte. Influencé par le culte de la lumière lunaire, le scientisme désigne la foi inconsidérée portée envers l’innovation technologique et la modernité.
Ce scientisme prohibe l’esprit critique, en ce qu’il évacue les questions de l’éthique pour porter, sans remise en question, l’avancée technologique comme la réponse universelle aux problèmes de l’humanité.
Pourtant, tout comme les agnostiques, se revendiquer scientiste est particulièrement péjoratif dans la société, alors même qu’il existe un ensemble de confrérie, de multitudes, de corporations et de cercles de réflexion qui visent à promouvoir la science et à interdire les remises en question de celles-ci.
L’une d’entre-elle, le Cercle de la Desmose, est particulièrement influente. Son organisation, analogue à la franc-maçonnerie, en fait d’elle à la fois une société secrète portée sur la spiritualité, en ce qu’elle cherche à dicter les usages et à réfléchir à la vie, en même temps qu’un puissant outil de lobbying auprès du gouvernement fédéral.
Ces organisations, qui se veulent neutres, indépendantes, et qui appliquent la zététique à tout leur sujet de réflexion, soit la méthode expérimentale des sciences dures aux sciences humaines, sont analogues aux lieux de cultes qu’on retrouverait dans une religion.
Dans l’expression populaire du scientisme, on retrouve en-dehors de ces associations, le fait que tout ce qui touche aux sciences soit systématiquement considéré comme bon, quand tout ce qui touche à la nature est considéré comme profane. À Terra, l’homéopathie et les remèdes de grand mère sont raillés et considérés comme la manifestation primitive de l’idiotie humaine. Bien que cela puisse paraître légitime, le scientisme devient alors plus poussé, en ce qu’il condamne ceux qui cherchent à vivre plus en accord avec leur environnement.
À ce titre, le scientisme est une excellente manifestation des disparités sociologiques entre les villes, les campagnes, et le Réservoir. Les endroits les moins avancés technologiquement sont les plus méprisés par la population, non seulement pour des questions de richesse, mais aussi parce qu’ils vivent plus en rejet de la technologie et qu’ils sont donc considérés comme des profanes, des subversifs, qui rejettent ce qui fait de l’Homme, un Homme augmenté.
On retrouve donc dans le concept de scientisme, la notion fondamentale de transhumanisme.
De la même façon que sur Terre, la mode du radium s’était emparée de l’opinion publique en dépit du danger, ce qui est étiqueté et fait au nom de la science est pourvue d’une cape d'invincibilité qu’on ne peut critiquer, parce que l’Homme doit toujours lutter contre ses propres limites, parce qu’il doit se dépasser, et vaincre son ennemi absolu : la mort.
Ainsi, le scientisme est donc le rapport parfois malsain qu’entretiennent les Hommes avec leur propre culture, leur propre évolution, et finalement leur propre autosatisfecit pour ce qu’ils ont été capables d’accomplir.
Toutefois, le scientisme n’aurait jamais été possible sans le partage des technologies lunariennes, et bien qu’il soit dissocié du culte lunarien, il matricule une rivalité entre le culte de la lumière lunaire, qu’il veut dépasser parce qu’il juge qu’il ne se développe pas assez, qu’il se pose trop de limites, et ces comportements scientistes.
Plusieurs enquêtes indépendantes affirment que plus de 90% de la population serait scientiste, parce qu’elle porterait une vision béniouiouiste et trop idéaliste de l’apport des sciences, en minorant le danger que cela peut apporter à toute une civilisation, comme s’en souvient le Canyon des Morts (C.F géographie et annexe chronologie) qui est occulté des mémoires populaires, non comme une erreur de la science, mais comme une erreur de l’Homme.
Le scientisme est particulièrement implanté à Ys, la capitale, Eisen, la cité militaire et Ascella Felix, la cité des jeux et de l’argent.
4. Le cultisme lunaire.
Le culte de la lumière lunaire, développé ci-dessous, s’est implanté à Terra peu après le Premier Accord. Le seul lieu de culte existant sur la planète se situe à Luxem, la cité-État académique.
Son ouverture en PA 4 s’est faite pour répondre à la demande de plus en plus importante des cultistes Terrians afin d’obtenir une reconnaissance officielle de leur religion auprès du gouvernement fédéral.
Le culte de la lumière lunaire est encore mal connu à Terra, et il est vu comme une ingérence extérieure d’un peuple potentiellement hostile cherchant à répandre son influence dans la civilisation Terrianne. Le gouvernement fédéral affiche donc avec beaucoup d’hostilité les tentatives de développement du culte en-dehors de la cité de Luxem, bien que les Lunariens ne soient pas directement responsables de l’intérêt porté par les Terrians à leur religion.
Le culte de la lumière lunaire est toléré parce que ce sont les seuls à pouvoir produire en quantité des coeurs d'énergie, vu que c'est le moyen que les Lunariens ont trouvé de garder leur monopole.
Les cultistes Terrians respectent avec la même orthodoxie les principes du culte Lunarien, cependant les spécificités régionales font qu’à la manière de la religion orthodoxe dans le christianisme, un aspect symbolique est beaucoup plus mis en avant que dans le catholicisme. La valeur donnée aux objets, à la décoration du lieu de culte, aux vêtements, au protocole en font une religion tournée vers la grandiloquence, ce que l’opinion publique Terrianne associe, de fait, à la religion des milieux intellectuels.
Elle est aussi perçue comme la forme la plus pure du scientisme, et la plus noble, parce qu’elle concerne d’abord les étudiants et ceux qui se forment à la compréhension de cette technologie dans les sciences dures.
Il reste toutefois que le culte de la lumière lunaire reste peu développé à Terra, sinon dans la cité de Luxem où elle représente 11% de la population. Rapporté aux statistiques de la capitale d’Ys, seulement 2% de la population adhère au culte de la lumière lunaire, dont 91% sont concentrés à Luxem.
Pour plus d’informations sur le fonctionnement du culte de la lumière lunaire, veuillez lire l’annexe Religion à Luna.